La dernière étude sur la situation financière des remontées mécaniques suisses réalisée par la Haute école de Lucerne en collaboration avec Remontées Mécaniques Suisses montre une robuste reprise financière de la branche après la pandémie de Corona. L'analyse constate notamment que 30 % des remontées mécaniques de sports d'hiver et 75 % des remontées mécaniques de montagne d'excursions étudiées disposent d'un bon à très bon retour sur investissement. Les offres d'enneigement garanti et les expériences estivales à forte valeur ajoutée ont un impact très positif sur la rentabilité.
Le professeur Philipp Lütolf de la Haute école de Lucerne a analysé en profondeur la situation financière de 77 entreprises de remontées mécaniques en Suisse pour la période 2022/23 et en comparaison pluriannuelle. L'étude, qui porte non seulement sur 19 remontées mécaniques de montagne d'excursion mais aussi sur 58 remontées mécaniques de sports d'hiver, met en lumière le redressement financier et les défis futurs des remontées mécaniques.
Stabilité financière malgré les fluctuations liées aux conditions météorologiques pour les remontées mécaniques de sports d'hiver
Au cours des dix dernières années, la situation financière des remontées mécaniques s'est globalement améliorée. Comme toujours, les remontées mécaniques de sports d'hiver ont enregistré une situation mitigée. Environ 30 % des 58 entreprises de remontées mécaniques analysées ont obtenu un bon à très bon rendement des capitaux, ce qui permet un autofinancement substantiel des investissements. Le rendement du capital est ici mesuré en tant que moyenne des années 2021/22 (hiver avec beaucoup de neige) et 2022/23 (hiver avec peu de neige). Les régions de sports d'hiver particulièrement grandes et bénéficiant d'un bon enneigement ont été parmi les plus performantes. Pour environ 45 % d'entre elles, le retour sur investissement peut être considéré comme suffisant. Cependant, à l'extrémité inférieure, environ 25 % des remontées mécaniques doivent recourir à une aide financière externe à grande échelle pour assurer le financement des investissements futurs. (Fig.1)
Il est intéressant de noter que trois des plus grandes sociétés de remontées mécaniques (Zermatt, Laax et Davos) ont contribué à 40 % du bénéfice total avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) des remontées mécaniques de sports d'hiver étudiées. L'augmentation des coûts de l'énergie en 2022 et 2023 a pesé sur certaines entreprises de remontées mécaniques, entraînant dans certains cas une réduction de l'EBITDA investissable pouvant aller jusqu'à 30 %.
Remontées mécaniques de montagne d'excursions : Redressement de la situation financière après la pandémie
Les 19 remontées mécaniques de montagne d'excursion analysées ont bien surmonté les effets de la pandémie. Bien qu'elles aient perdu environ 260 millions de francs d'EBITDA investissable entre 2020 et 2022, elles ont investi plus de 340 millions de francs au cours des années concernées. 60 % de ces investissements ont pu être financés par l'EBITDA. En outre, ils ont dû s'endetter d'environ 100 millions de francs et utiliser environ 40 millions de francs de liquidités existantes. Grâce à ces investissements et à la reprise du tourisme international, les remontées mécaniques de montagne d'excursion sont à nouveau sur la bonne voie. Environ 75 % des entreprises de remontées mécaniques étudiées présentaient en 2022 un bon à très bon rendement du capital. (Fig. 2)
L'exercice fiscale 2023 a surtout apporté une forte croissance des revenus aux entreprises qui opèrent fortement sur le marché intercontinental. « Ces résultats soulignent l'importance du tourisme international pour la stabilité à long terme de ces entreprises », estime Berno Stoffel, de l'association Remontées Mécaniques Suisses.
Comportement des clients avec des modèles de prix dynamiques
L'étude a également examiné l'impact des modèles de prix dynamiques sur les produits de transport des remontées mécaniques de sports d'hiver. Il a été démontré que l'introduction de prix dynamiques a un effet positif significatif sur le revenu moyen par skierday (nombre de visiteurs par jour). En ce qui concerne l'impact sur le nombre de skierdays, les données sont mitigées. Certains semblent gagner du terrain par rapport à la concurrence avec und modèle « statique », d'autres en perdre. Au niveau des produits de transport, les données sont donc également hétérogènes. Le comportement des visiteurs dans les entreprises qui utilisent le modèle de prix dynamique a également été analysé. Les résultats montrent que les achats en ligne augmentent considérablement avec des prix dynamiques. Jusqu'à 30 % des visiteurs d'un jour réservent leur billet en ligne quelques jours seulement à l'avance, tandis que les billets pour plusieurs jours sont achetés virtuellement un mois à l'avance par environ 50 % des visiteurs. Il apparaît en outre que la garantie d'enneigement est particulièrement décisive pour les modèles de prix dynamiques.
L'enneigement technique, clé du succès
Les hivers peu enneigés représentent un défi croissant pour les remontées mécaniques de sport d'hiver, c'est pourquoi cette thématique a été analysée de manière approfondie dans l'étude. Environ 20 % des entreprises de remontées mécaniques étudiées ont réalisé des recettes plus élevées durant l'hiver 2022/23 avec peu de neige que durant l'hiver 2021/22 avec beaucoup de neige, il s'agit principalement de destinations situées en altitude dans le canton du Valais. L'étude souligne que les investissements dans les installations d'enneigement technique sont d'une importance décisive pour le succès à long terme. Les remontées mécaniques de sport d'hiver qui enneigent moins de 20 % de leurs pistes ont obtenu des rendements du capital plus faibles en comparaison pluriannuelle. En outre, les offres estivales de nombreuses remontées mécaniques ont évolué positivement. Les produits de transport estivaux ont augmenté de 45 % en moyenne sur la période étudiée entre 2014 et 2022 ; les activités estivales représentant désormais environ 25 % des produits de transport. Il reste à noter que pour un client hivernal manquant, les remontées mécaniques ont besoin de 1,3 à 4,2 clients en été pour compenser l’absence de revenus. « Ce qui est décisif pour le succès de l'été, c'est qu'il existe des offres de valeur pour lesquelles les clients paient un prix à peu près comparable à celui de la carte journalière de ski », constate Philipp Lütolf.
Des opportunités pour l'avenir
La majorité des remontées mécaniques suisses ont connu une évolution globalement positive et sont en bonne voie pour assurer leur stabilité financière, même si des changements tels que la hausse des coûts de l'énergie et le changement climatique les mettent au défi. Avec des investissements ciblés dans l'enneigement technique et le renforcement des activités estivales, les entreprises de remontées mécaniques pourront s'affirmer à long terme.
L'étude sera présentée lors du forum des Remontées Mécaniques Suisses par le professeur Philipp Lütolf. L'invitation pour les journalistes à la manifestation des 17 et 18 octobre 2024 à Lugano suivra prochainement.
Renseignements
Berno Stoffel, directeur de Remontées Mécaniques Suisses, +41 79 543 25 07
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